dimanche 23 janvier 2011

La versatilité à l'état pur.

Il y a une poignée d'articles, je défendais la capacité d'Iselin à endosser différents rôles et à les mener à bien avec une facilité déconcertante ; et bien, si ma plaidoirie ne vous avais pas convaincus, j'ai ici deux éditoriaux qui sont susceptibles de le faire : Commando photographié par David Sims pour Vogue Paris Mars 2010 et La Petite Femme, par Corinne Day pour Vogue Nippon Mars 2006.

     

Il s'agit de deux de mes éditoriaux préférés d'Iselin, si ce n'est mes ultimes préférés. Tous deux témoignent de la manière la plus complète, éloquente et indéniable de l'immensité du talent de la mannequin et de ce qui fait d'elle une force immuable au sein de l'industrie instable dans laquelle elle travaille. Comme je l'ai déjà affirmé, l'univers de la mode est en constante recherche de nouveauté, d'imprévu, et d'étrangeté, d'où son inclinaison à s'énamourer de modèles à une vitesse improbable et à les évincer tout aussi rapidement. Or, celles qui parviennent à conserver et photographes et directeurs de casting à leur pieds sont celles qui sont à même de pimenter leur jeu et de laisser la main à leur polyvalence. Ces mannequins en question sont souvent dotées d'une présence, d'une personnalité même, et ne se confinent pas à n'être que de jolies visages vissés sur de longs corps aux jambes interminables. Elles ont plusieurs facettes qu'elles peuvent à loisir dévoiler suivant l'environnement dans lequel elles se trouvent, et c'est pour cela qu'elles sont si demandées : elles sont malléables, et pourtant reconnaissables et uniques, tout en étant fidèles à leur essence.

A la vue de ces photographies, cela saute aux yeux ; Iselin fait partie intégrante de cette catégorie de mannequins rares. Devant l'objectif de David Sims pour un éditorial à thème militaire, elle se fait dynamique, presque hyper-active ; sévère, impérieuse et un brin masculine. Pour l'univers feutré et intimiste de Corinne Day, elle adopte poses introspectives, expressions candides et regards fragiles. Malgré le caractère diamétralement opposé de ces séries de photos, Iselin parvient à s'adapter et à s'épanouir à partir des différentes atmosphères dépeintes, sans laisser celles-ci lui faire de l'ombre. Seule une mannequin posée et capable de maîtriser son corps, son visage et ses émotions peut parvenir à un tel degré d’accommodation ; seule une mannequin possédant un véritable sens de l'individualité peut voyager entre intensité et innocence avec autant de commodité tout en restant identifiable et remarquable, dans le sens premier du terme. 

Je suis également épatée par le fait qu'Iselin n'ait pas peur de poser de manière visiblement incongrue afin de faire vivre les vêtements, de les désacraliser en leur conférant une apparence plus énergique et moins luxurieuse, comme visible dans l'éditorial pour Vogue Paris. Un nombre effarant de mannequins ne s'aventurent pas en dehors de leur répertoire de poses et d'expressions, par peur du changement ou de ne pas être à leur avantage, ou simplement par manque de confort en face de la caméra. Iselin au contraire, semble se moquer éperdument de tout ceci, et est d'ailleurs prête à toutes les concessions afin d'accomplir son travail de la manière la plus professionnelle possible : ainsi, elle cherche à rendre les vêtements plaisants et désirables, et ce qu'importe son apparence à elle. Et ironiquement, David Sims est tout de même parvenu à la capturer sous ses meilleurs angles... ce qui est le strict minimum, vu la relation de longue date que tous deux ont entretenu!

Quant à l'éditorial photographié par Corinne Day, que dire... Je ne peux qu'en être amoureuse. Corinne, qui décéda en Août dernier, était une photographe qui révolutionna la manière de capturer et de représenter la femme. La femme qu'elle immortalisait était libérée, mais pas dans le sens où on l'appréhende aujourd'hui ; elle ne se sentait pas obligée d'être sexy et glamour, de se comporter comme un homme sur tous les plans pour afficher sa non-soumission ; au contraire, elle était pure et immaculée, mais s'accaparait le droit de dévoiler des pans de chair, de penser par elle-même, et d'être indépendante et solitaire. La femme de Corinne Day s'assume et n'a pas besoin d'un homme pour l'aider à affronter le monde. Elle inspire le respect, car sous son innocence juvénile, elle s'est affranchie du joug masculin et n'a pas besoin de se complaire dans une sexualité débridée pour le prouver. D'autre part, je trouve cet éditorial tout aussi singulier qu'auparavant, puisque de la femme qu'incarne parfaitement Iselin émane de la mélancolie, alors que la plupart des magazines de nos jours tendent à durcir la femme ou à la dépeindre comme étant dénuée de toutes émotions afin de ne pas prendre le risque qu'elle soit qualifiée comme faible et soumise.

Dans tous les cas, il est inutile de dire que j'apprécie le travail d'Iselin qu'importe la manière dont elle est représentée, tant qu'on ne la borne pas à interpréter un rôle unique et répétitif, ce qui reviendrait à dénigrer ses talents de mannequin, qu'elle n'a fait que démontrer tout au long de sa carrière.

source : scanned by Diorette @ tFS ; scanned by agneslo @ tFS

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